CONGO - Actualité (1990-1996)

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République du Congo

Politique intérieure

Le 30 septembre 1990, le Parti congolais du travail (P.C.T.), parti unique, décide d’instaurer le multipartisme. Le président Denis Sassou Nguesso, au pouvoir depuis 1979, s’est résigné à engager le processus démocratique sous la pression des Églises chrétiennes et des syndicats. Le 10 décembre, le P.C.T. abandonne le marxisme et adopte un programme à tendance sociale-démocrate.

Du 25 février au 10 juin 1991, la Conférence nationale réunit à Brazzaville plus de 1 000 délégués, membres des partis ou associations politiques du pays. Le 8 juin, elle élit au poste de Premier ministre André Milongo. Il voit ses pouvoirs accrus au détriment de ceux du président.

Le 15 janvier 1992, des militaires favorables au président Denis Sassou Nguesso se rebellent et réclament notamment le départ du secrétaire d’État à la Défense, le colonel Michel Gangouo, coupable à leurs yeux d’avoir purgé l’armée des membres de l’ethnie présidentielle. Le 22, le Premier ministre, qui avait disparu après avoir été destitué par l’état-major le 20, remanie son gouvernement et accepte de se séparer du colonel Gangouo.

Les 24 juin et 19 juillet ont lieu les 2 tours des élections législatives. Elles sont remportées par l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (U.P.A.D.S.) de Pascal Lissouba, qui obtient 39 sièges sur 125. Le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (M.C.D.D.I.) de Bernard Kolelas remporte 29 sièges. Le P.C.T., dirigé par Denis Sassou Nguesso, n’a que 19 sièges. Le 27, aux élections sénatoriales, l’U.P.A.D.S. confirme sa position de première force politique du pays.

Le 2 août, les Congolais participent à la première élection présidentielle libre depuis l’indépendance en 1960; 17 candidats sont en lice. Pascal Lissouba arrive en tête au premier tour avec 35,89 p. 100 des voix, suivi de Bernard Kolelas, qui recueille 20,32 p. 100 des suffrages. Arrivé en troisième position, Denis Sassou Nguesso déclare accepter le verdict des urnes. Le 16, lors du second tour, pour lequel l’U.P.A.D.S. et le P.C.T. ont conclu un accord, Pascal Lissouba est élu avec 61,32 p. 100 des voix contre 38,68 p. 100 pour Bernard Kolelas. Le 1er septembre, le président Lissouba nomme S. M. Bongho Nouarra Premier ministre.

En octobre, l’Assemblée est dissoute à la suite d’un vote de censure consécutif au passage dans l’opposition du P.C.T.

En décembre, sous la pression de l’armée, le chef de l’État nomme un nouveau Premier ministre chargé de former un gouvernement de coalition.

Le 2 mai 1993, lors du premier tour des élections législatives anticipées, la Mouvance présidentielle, rassemblée autour de l’U.P.A.D.S., remporte 62 sièges sur 125. La Coalition de l’opposition, conduite par le P.C.T., en obtient 49. L’opposition appelle au boycottage du second tour (6 juin), en raison des «irrégularités» du premier. Les partisans du président disposent de la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Le 23, le président Lissouba nomme au poste de Premier ministre le général Jacques Joachim Yhombi Opango, chef de l’État de 1977 à 1979. Le 29, la Cour suprême déclare les élections irrégulières.

Le 7 juillet, des affrontements meurtriers opposent, à Brazzaville, les forces de l’ordre aux partisans de la Coalition de l’opposition qui réclament la démission du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée nationale. Le 4 août, des représentants de la Mouvance présidentielle et de la Coalition de l’opposition, réunis à Libreville, au Gabon, acceptent de recourir à un arbitrage international pour régler leurs litiges électoraux.

En janvier 1994, de nouveaux affrontements éclatent à Brazzaville entre les partisans de l’opposition et ceux de la Mouvance présidentielle. Des ressortissants étrangers sont évacués. Un cessez-le-feu intervient le 30.

Le 23 janvier 1995, le président Lissouba reconduit dans ses fonctions le Premier ministre Jacques Joachim Yhombi Opango. Celui-ci forme un gouvernement d’«ouverture» qui comprend 4 ministres de l’Union pour le renouveau démocratique, fraction de l’opposition regroupant les partis de Bernard Kolelas et de Pierre Thystère Tchicaya. Toutefois, le processus de transition démocratique piétine.

En août 1996, le président Lissouba nomme David Charles Ganao Premier ministre; 4 de ses ministres, sur 39, sont membres de l’opposition.

Vie économique

En 1990, Brazzaville est l’un des principaux bénéficiaires africains de l’augmentation du prix du pétrole.

En 1992, les ressources, notamment pétrolières, diminuent, et le déficit budgétaire est creusé par une fonction publique pléthorique. Le programme économique prévoit de liquider les arriérés de la dette à l’égard des institutions financières internationales, qui ont suspendu leur aide depuis 1990.

En 1993, l’augmentation de la production de sucre est le seul élément économique favorable de l’année, marquée par la baisse de la production de pétrole et de la commercialisation du bois.

Le 11 janvier 1994, sous la pression de la France et du F.M.I., les dirigeants des 14 États africains appartenant à la zone franc (Bénin, Burkina, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo), réunis à Dakar, annoncent la dévaluation de 50 p. 100 du franc CFA et de 33,3 p. 100 du franc comorien. Les engagements pris par le gouvernement en vue de stabiliser l’économie lui permettent de renouer ses relations avec le F.M.I. et la Banque mondiale. Les carences de la gestion économique rendent toutefois leur respect très aléatoire.

Le 9 juin, le Parlement adopte une loi de privatisation concernant 6 entreprises publiques qui connaissent de graves difficultés financières.

Le 4 juillet, Brazzaville obtient du Club de Paris le rééchelonnement de 7 milliards de dollars de dette publique sur un total de 12 milliards. Mais cet accord est subordonné au remboursement de précédents crédits.

En mars 1995, le gouvernement signe une lettre d’intention en vue d’obtenir du F.M.I. un nouveau programme d’ajustement structurel de 3 ans; le précédent, conclu en janvier 1994, avait été suspendu en raison du non-respect de ses engagements par Brazzaville.

Le 31 juillet, le Parlement vote l’ouverture à la concurrence du secteur des postes et des télécommunications. La première vague de privatisations est prévue pour 1996.

En juin 1996, le conseil d’administration du F.M.I. entérine le programme d’ajustement sur 3 ans conclu en mars avec le Congo. Cet accord entraîne l’annulation par le Club de Paris de 67 p. 100 de la dette extérieure congolaise estimée à 989 milliards de francs CFA.– la dette intérieure atteint 600 milliards de francs CFA. Le programme de privatisations est massivement engagé: la société de distribution des hydrocarbures HydroCongo, la Congolaise de raffinage, les Postes et Télécommunications et l’Union congolaise des banques sont cédées au secteur privé. La mise en exploitation du gisement pétrolier offshore de Nkossa permet d’envisager de porter la production nationale à 13 milliards de tonnes en 1999.

Relations internationales

En novembre 1991, le Congo expulse des milliers de Zaïrois qui avaient fui leur pays au cours des mois précédents.

Les 17 et 18 juillet 1996, le président Jacques Chirac se rend au Congo où il dénonce la «démocratie de façade» adoptée par certains pays africains en vue de satisfaire aux exigences posées en la matière par le président François Mitterrand lors du sommet franco-africain de La Baule, en juin 1990. Déclarant qu’«un pays qui s’exclut du processus de démocratisation lasse la communauté internationale», il affirme qu’«il faut en finir avec les coups de force ou d’État [...] et toutes les manifestations violentes».

Encyclopédie Universelle. 2012.

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